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Interview pour www.kwerfeldein.de

Par Aileen Wessely. Première publication en allemand sur kwerfeldein.de

Bonjour Sylvain, je te remercie de prendre le temps d’avoir un interview avec nous. Tout d’abord, parle-nous un peu de toi : Qui est-tu, que fais-tu ?

Je suis photographe de paysage et astrophotographe. Je suis passionné d’astronomie depuis l’enfance. J’ai eu mon premier télescope à l’âge de 12 ans. En 2006, j’ai acheté un reflex numérique pour l’astrophotographie. Il m’a fait découvrir le monde de la photographie traditionnelle, de jour, et mon amour pour la nature et la randonnée m’a amené à la photographie de paysage. Maintenant, quand le ciel est clair et qu’il n’y a pas de lune je vais shooter les objets du ciel profond. Le reste du temps je fait de la randonnée dans les montagnes pour la photographie de paysage.

Pourquoi l’astronomie ? Qu’est-ce qui te fascine dans les étoiles et les nébuleuses ?

C’est une très bonne question ! En fait, je ne sais pas vraiment. Je pense que j’ai toujours été fasciné par ce qui est au-delà… Au-delà de la forêt, au-delà d’une montagne… Au-delà de ce que mes yeux peuvent voir. L’immensité de l’univers offre un grand nombre de possibilités. Quand on regarde une galaxie à travers un télescope avec les yeux, tout ce qu’on peut voir, c’est une faible tache floue. On est loin de la vision qu’une photo peut offrir. Cette tache faible est constituée par des milliards d’étoiles. De récentes découvertes disent que la plupart des étoiles ont des planètes, certaines d’entre elles pourraient être habitables. Combien de civilisation pourrait-il y avoir ? Et c’est juste un exemple.

Contrairement à la plupart des autres genres photographiques, l’astronomie n’a qu’un seul ciel que nous admirons tous avec un seul point de vue. Ressens-tu que ces limitations ? Y a-t-il des choses dans l’astrophotographie qui la constituent pour elle ?

Parfois je sens ces limitations, me demandant ce que je vais faire quand j’aurai photographier chaque objet que je peux faire. Mais si vous considérez que j’ai besoin de toute une nuit pour une seule photo, j’ai encore beaucoup de travail ! La limitation la plus importante, pour moi, c’est l’aspect artistique. L’astrophotographie est très technique et il y a un peu de place pour des considérations artistiques. Vous ne pouvez pas jouer avec la profondeur de champ puisque tous les objets sont considérés comme étant à l’infini et les compositions sont un peu simple. La plupart du temps, cela consiste à placer l’objet au centre de l’image. J’essaie de jouer avec les compositions en plaçant le sujet décentré, suivant la règle des tiers, et de contrebalancer avec autre chose. Une petite galaxie dans l’immensité d’un champ d’étoiles (M51 Grand Champ), une nébuleuse parmi la poussière (NGC 7023, Nébuleuse de l’Iris), par exemple. L’imagerie du ciel profond peut être spécialisée. Je fait ce que nous appelons de l’imagerie grand champ. J’utilise des longueurs focale courte pour shooter de large partie du ciel. Bon, il faut le considérer du point de vue astrophotographique, les distances focale que j’utilise sont 387mm et 530mm qui sont assez longue pour la photographie traditionnelle. Certains astrophotographes utilisent des filtres pour faire de l’imagerie en fausses couleurs, d’autres utilisent des longues focale, plusieurs mètres, pour faire des images détaillées de petits objets comme les galaxies et les nébuleuses planétaires. Les progrès de l’imagerie numérique nous permettent de faire des images qui n’étaient pas possibles même avec des observatoires professionnels il y a 10 ou 15 ans. Nous redécouvront des parties du ciel.

Comment prépares-tu uns séance ? Comment choisis-tu tes sujets ?

Je choisis mes sujets en fonction de la saison. Vous ne pouvez pas shooter Orion en été, car elle n’est pas visible. Le printemps est la saison des galaxies, l’été est pour les nébuleuses dans la Voie Lactée. La cible doit être visible pendant une grande partie de la nuit. J’utilise aussi des logiciels d’astronomie comme Carte du Ciel , wikisky.org ou Microsoft WorldWide Telescope pour choisir ma cible, pour voir comment je peux faire le cadrage et pour vérifier sa visibilité. Les autres photographe sont de bonnes sources d’inspiration. Quand la nouvelle lune approche, je commence à surveiller la météo. Quand le ciel est clair, je mets tout le matos dans ma voiture et je vais à un de mes spots d’astronomie, dans la montagne, où il n’y a pas de pollution lumineuse.

Le matériel utilisé en astrophotographie est probablement beaucoup plus important que dans beaucoup d’autres genres. Quels conseils peux tu donner aux débutants ?

Oui, le matériel est important et il peut rapidement devenir coûteux. La qualité du ciel et l’expérience de l’astrophotgraphe peut faire une grande différence aussi. Mais vous pouvez commencer avec un télescope relativement modeste. Un télescope Newton 150/750 sur une monture équatoriale et un reflex d’entré de gamme est un bon moyen de commencer en ‘imagerie du ciel profond. C’est le matériel avec lequel j’ai commencé. Ça peut être progressif : vous commencez à acheter le télescope pour quelques centaines d’euros et vous acquérez de l’expérience en l’observation astronomique visuel. Je pense qu’il est préférable d’avoir une solide expérience en’observation astronomique en général avant de commencer l’astrophotographie. Ensuite, vous pouvez essayer des photos avec le reflex numérique que vous avez déjà, ou en acheter un pas cher. Tout ce que vous avez besoin à ce stade est une bague T2 et un adaptateur photographique. Après cela, et si vous êtes toujours accroc aux images, vous allez certainement changer la monture équatoriale pour une meilleur parce que c’est l’élément le plus important dans la chaîne d’imagerie. Ensuite, vous allez modifier votre reflex numérique pour retirer le filtre IR-cut, ajouter un système d’autoguidage, changer le Newton pas cher pour une lunette apochromatique haut de gamme, changer le reflex par une caméra CCD qui coûte cher… Enfin, s’il vous reste de l’argent ! N’oubliez pas que, comme dans les autres genres, l’équipement ne fait pas tout le travail. Il a besoin d’être optimiser. Le traitement représente une bonne partie du temps pour faire une image. Le ciel est également très important. Ce sera beaucoup plus difficile si vous habitez ville et que vous n’êtes pas prêt à rouler pendant des heures pour atteindre un endroit où le ciel est assez noir.

Qu’en est-il du traitement ? Quel rôle joue t-il dans vos travaux ?

Le traitement est très important en astrophotographie. Presque autant que les acquisitions. Mais, comme dans les autres genres, vous ne ferez jamais une bonne image avec de mauvaises acquisitions. Les poses brutes sont horribles. Très bruuites. Les détails sont noyés dans le bruit. Les couleurs sont mauvaises, surtout avec un reflex numérique modifié. Basiquement, la technique consiste à faire plusieurs poses, des dizaines, du même objet tout au long de la nuit. On applique des images de calibration sur chaque poses et on les empile. L’empilement* permet de diminuer considérablement le bruit. Nous utilisons des logiciels spécialisé pour ça, comme Iris ou PixInsight. Une fois que nous avons l’image empilée, nous la traitons pour ajuster les couleurs, supprimer les gradients, augmenter la dynamique, réduire le bruit à nouveau, etc. Le traitement final peut être réalisé avec des logiciels traditionnel comme photoshop. Je passe des heures pour le traitement. Je le démarre généralement le lendemain de la nuit où j’étais en dehors à faire les acquisitions. Puis, je laisser l’image quelques jours sans y toucher, pour prendre du recul et voir si mon traitement est bon ou pas. La plupart du temps je fait des ajustements. Parfois, je refais le traitement entièrement. Une image peut contenir beaucoup d’informations : objets faibles dans le fond de ciel, détails dans les hautes lumières. C’est difficile de montrer toutes ces choses, mais c’est la partie la plus intéressante dans le travail de traitement.

Es-tu inspiré par les autres astrophotographes et échanges tu avec eux ou est-ce plus un genre de guerriers solitaire, chacun regardant seul à travers son propre télescope ?

Les autres astrophotographes sont une bonne source d’inspiration. J’aime parcourir leur site web pour trouver une nouvelle cible et voir comment ils font. Le partage de trucs et astuces et de critiques à travers les forums aide beaucoup. Il m’est arrivé de rencontré des astrophotographes sur le terrain, parfois par hasard, mais je suis souvent seul. Si je ne suis pas seul, je suis avec d’autres astronome amateur qui ne font pas de photos, seulement de l’observation visuelle. Le sentiment de solitude est dominant, mais parfois je me sens privilégié d’être assez fou pour passer des nuits entières seul dans le noir.

Dernière question : quels sont vos rêves et vos projets pour l’avenir ?

J’ai déjà réalisé quelques rêves en astronomie, comme utilisé une belle lunette sous le beau ciel des Alpes, où je vis. Un rêve serait de la mettre sur la plate-forme du VLT , le Very Large Telescope au Chili. Dans les années à venir, j’aimerais voyager au Chili ou en Namibie pour découvrir le ciel austral. Le désert d’Atacama est le meilleur endroit sur Terre pour l’astronomie. Je rêve de faire une grande mosaïque de la constellation d’Orion. Je souhaite avoir plus d’opportunités de sortir et faire plus d’astrophoto. J’ai commencé à filmer certaines de mes aventures astrophotographique avec des séquences de timelapse. Je voudrais aussi avoir plus d’inspiration pour la photographie de paysage.

* Node de traduction : on utilise aussi les terme « stacking », addition ou compositage.